Molière d’Òc

D’après Monsieur de Pourceaugnac de Molière.

L’Histoire

C’est une adaptation occitane de la pièce de Molière. Dans l’écriture initiale Monsieur de Pourceaugnac, gentilhomme limousin vient à Paris pour épouser Julie la fille d’un gentilhomme parisien. Celui-ci a préféré un riche provincial au jeune Erast dont sa fille est amoureuse. Julie et Eraste, aidés par la servante vont mettre en place un stratagème pour dévaloriser le provincial et lui faire peur au point de le convaincre de fuir. Pour Molière cette situation est prétexte à créer des scènes dramatiques et comiques pour dénoncer la suffisance des médecins, la rouerie des avocats mais aussi la lourdeur pataude des provinciaux, et l’intelligente vivacité des gens de la capitale. C’est une pièce écrite pour faire rire la cour et qui exploite les caricatures et archétypes provinciaux.

L’adaptation occitane inverse la situation. Nous sommes dans une ville méridionale d’Occitanie et Monsieur de Pourceaugny, riche gentilhomme parisien, débarque pour épouser Julie. Cette inversion des géographies pose un bilinguisme occitan français porté par les personnages. Il met en valeur la défiance et la cruauté vis à vis de l’étranger, même si les rires et moqueries sont au service de l’amour. Elle renforce la naîveté candide de Monsieur de Pourceaugnac que Molière tournait en ridicule. Composé à la « va vite » cette pièce est faussement didactique et ouvre une dimension plus complexe de la définition des personnages. Le rire demeure, il est même essentiel. Mais s’ajoute à ce cabaret (comédie-ballet commandée par Louis XIV) une dimension sociale et humaine qui interpelle notre société d’aujourd’hui.

Le choix de Molière

La création occitane est riche d’écritures contemporaines comme de productions plus anciennes, issues de son patrimoine. Pour autant, l’adaptation en occitan des grands auteurs de l’écriture théâtrale mondiale est plus rare. C’est ce que nous avons voulu aborder : traiter un « classique » et lui faire prendre les habits de la langue occitane. Une démarche finalement commune pour le théâtre où les compagnies, les metteurs en scène adaptent dans toutes les langues Shakespeare, Llorca, Faulkner, Tchekhov…

Le choix de monter un Molière est venu assez naturellement du fait des tournées en Languedoc de l’ « Illustre Théâtre ». De plus «Monsieur de Pourceaugnac» contient une séquence importante avec un personnage parlant l’occitan languedocien. Il était tentant de travailler sur une matière qui portait déjà une parole occitane authentique.

« Monsieur de Pourceaugnac« , c’est aussi une écriture dramaturgique qui donne de l’espace au jeu, à la fantaisie des comédiens. Ecrite et répétée en trois semaines, Molière a puisé dans le « fond de jeu et de répertoire » des comédiens de sa troupe, pour composer ce qu’on appelerait aujourd’hui un cabaret dramatisé. Nous avons fait de même en exploitant dans la pratique du théâtre occitan d’aujourd’hui les éléments qui permettent d’en éclairer la modernité.

Ainsi sous couvert de divertissement, cette pièce interroge aussi le poids des Pouvoirs sur le bon sens, le rapport Paris-Province, le regard sur l’étranger.

L’adaptation occitan français, l’inversion géographique, les révèlent de façon surprenante. Marceau Esquieu y a contribué en apportant une finesse à la définition de chaque protagoniste de cette pièce. Finalement Monsieur de Pourceaugnac annonce l’écriture plus travaillée du Bourgeois gentilhomme. Elle pourrait en permettre une étude originale. A suivre ?

Diffusion

Spectacle disponible uniquement pour des commandes à partir de 5 représentations / Contact : Stella Fontana au 04.67.58.30.19stella@larampe-tio.org

Distribution

Adaptation : Marcéu Esquieu
Mise en scène : Jean-Louis Roqueplan
Jeu : Jean-Louis Blénet, Gilles Buonomo, Bruno Cécillon, Yves Durand
Costumes : Sûan Czepczynski
Masques : Jérémie Wagner