La Rampe Tio

Lo Miracle Frocan

Découvrir Lodève, découvrir Saint Fulcran, l’an mil, à travers des rues, en théâtre et en musique, sur les traces d’un saint légendaire mis en scène pour réveiller une mémoire avec les questions du temps présent… voilà le sujet des visites théâtralisées « Le Miracle Fulcran ».

Visites théâtralisées de la ville de Lodève

Qui est Saint Fulcran ?

Evêque de Lodève de 949 à 1006, il est un des saints les plus populaires de l’histoire du Languedoc. Pour mesurer son oeuvre, il faut considérer l’état dans lequel se trouvait la Septimanie après la conquête de Charles Martel.

Ce dernier arrête, dit-on, les arabes à Poitiers en 732. Il profite de sa victoire pour étendre les conquêtes des Francs jusqu’au bord de la Méditerranée. Il détruit Narbonne, Béziers, Maguelonne, Nîmes… Charlemagne succède à Charles Martel mais son Empire ne suffira pas à relever la Septimanie devenue la Gothie et les successeurs de Charlemagne vouent la Gothie à un féodalisme farouche : guerres, brigandages, usurpations…

Fils d’une riche famille septimanienne installée dans le Lodévois, Fulcran devient au Xème siècle évêque de Lodève, à un moment où l’Eglise de Septimanie essaie de trouver une alternative au féodalisme et au « désert » laissé par cinq siècles d’invasions. « La Patz de Dieu » est la réponse des évêques qui – comme Fulcran – essayeront de refonder un christianisme populaire et humaniste. Cette vocation s’étendra au Nord de la Loire mais c’est au Sud qu’elle prit naissance et nourrira bien des valeurs qui sont à l’origine de la civilisation occitane des XII et XIIIèmes siècles.

Une façon nouvelle de louer le patrimoine

Le Théâtre d’Oc fut un des premiers à célébrer la mémoire d’un lieu, d’un personnage, d’un métier… A tel point qu’il en fit un genre dramatique à part entière. A l’heure actuelle, celui-ci est menacé par un consumiérisme qui amène les villes à des « reconstitutions historiques » qui ne sont que de grossières erreurs pour chanter l’Art comme l’Histoire.

Pour parler de St Fulcran, la Rampe TIO ne veut pas jouer ce répertoire. Nous serions sûrement partis de l’oeuvre de Léon Cordes : Lo Misteri Frocan (1960) mais cela ne correspondait pas à la demande de la ville de Lodève : une promenade théâtralisée dans sa ville. Alors, nous l’avons conceptualisé autrement : un miracle, que nous traitons sur deux principes : une tradition qui fournit contraintes et repères, une fable qui touche au passé et au présent.

Lo miracle Frocan répond aussi à une dimension sacrée, au rapport visible / non-visible, terre / ciel, homme / dieu. A ce niveau, on prend conscience de la pauvreté de la culture occidentale au regard d’autres cultures qui ont toutes une tradition spectacleique pour lire et inventer le langage entre la vie et la mort. La tradition occitane tient quelques pistes : la pastorale qui suit le cap du mystère de la nativité… D’autres sont possibles et l’art d’òc tout entier pourrait se pencher sur la question. Dans l’étendue de ces possibilités, ce pari peut sembler fou. Mais nous ne pouvons pas tenter de suivre le cap de l’étoile Fulcran sans cet enjeu. Aussi nous nous y risquons.

Distribution

Ecriture et mise en scène : Claude Alranq
Comédiens : Véronique Valéry, Thérèse Canet, Jérôme Dru, Yves Durand
Création photo : Bruno Vanbockstaël
Création musique : Jérôme Dru
Décors, accessoires : Patrice Blondeau
Costumes : Céline Arrufat
Technique : Sergio Perera
Coproduction : Ville de Lodève
Photographe : Marc Ginot